Interview avec Martine Deprez dans L'essentiel

"Une inquiétude sur les retraites"

Interview: L'Essentiel (Joseph Gaulier)

L'essentiel: Votre entrée au gouvernement était-elle une surprise pour vous?

Martine Deprez: Oui. J'envisageais de terminer l'enseignement au lycée dans cinq ou dix ans, en plus de la présidence du Conseil d'État, prévue en mars ou avril.

L'essentiel: Est-ce Luc Frieden qui vous a sollicitée?

Martine Deprez: Il m'a appelée le 7 novembre pour un entretien personnalisé. Quelques jours après, il m'a dit que cela se confirmait.

L'essentiel: Vos ministères vous tiennent-ils à cœur?

Martine Deprez: Une partie de mon parcours s'est faite sur ces sujets. En 1992, j'ai commencé à l'inspection générale de la Sécurité sociale. Pendant dix ans, j'ai vu les dossiers que je reprends aujourd'hui. Puis encore au Conseil d'État depuis 2012.

L'essentiel: On peut vous souhaiter un mandat plus paisible que celui de Paulette Lenert!

Martine Deprez: Oui, c'est mon souhait! Gérer une pandémie n'est pas évident, même si, désormais, on aurait l'expérience.

L'essentiel: Comment améliorer la prévention?

Martine Deprez: L'accord de coalition prévoit une analyse des plans de prévention. S'ils n'ont pas d'effets, il faudra les adapter. Mon état d'esprit est d'engager les deniers de l'État seulement si cela est nécessaire!

L'essentiel: Comment revaloriser les professions de santé?

Martine Deprez: Il y a des fiches de description des professions. Il faut revoir les attributions pour les adapter aux évolutions des derniers 20-30 ans. Cela concerne les rémunérations, les compétences, les responsabilités, les carrières.

L'essentiel: Le financement des retraites vous inquiète-t-il?

Martine Deprez: Cela m'inquiète depuis 1992, car à l'époque, les projections évoquaient un problème vers 2020-2025. Grâce à une évolution favorable, cela a été repoussé vers 2027/2028, mais à partir de ce moment, les recettes ne devraient plus couvrir les dépenses. Or, il faut une quarantaine d'années pour qu'une réforme donne des effets.

L'essentiel: Réformer les retraites vous semble-t-il inévitable?

Martine Deprez: Pas forcément, mais il faut analyser les effets de la précédente réforme. Il faut surtout une prise de conscience du problème.

L'essentiel: Une part de retraite par capitalisation est-elle taboue?

Martine Deprez: Tel que notre système est construit, cela n'est pas possible. On pourrait créer un système pour les nouveaux entrants, en ajustant le système en place pour les actifs actuels. Des paramètres jouent contre la retraite par capitalisation (taux d'intérêt en hausse, gestion des capitaux, incertitude économique, etc.) D'autres jouent en faveur.

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