Discours de Lydia Mutsch à l'occasion de la “12ème Journée d’étude de la Clinique Bohler”

"Relation thérapeutique- enjeux de la communication : De l’annonce du diagnostic à l’accompagnement du patient"

©MSAN
Lydia Mutsch, ministre de la Santé
C’est avec un très grand plaisir que j’ouvre cette 12 èmeJournée d’étude de la Clinique Bohler, dédiée cette année-ci à la relation thérapeutique et aux enjeux de la communication.Il s’agit toujours de journées très instructives et intéressantes, rassemblant des experts renommés de par l’Europe, ainsi qu’un grand nombre de professionnels de la santé de notre pays ; journées que le ministère de la Santé se fait un honneur et un plaisir de soutenir.Comme vous le savez, notre action gouvernementale s’est résolument engagée pour le patient, avec la maxime "le patient au centre des soins". Au cours de cette législature, des concepts tels que le patient empowerment, l’organisation de coopérations interdisciplinaires autour des patients, ou encore la médecine personnalisée se sont développés dans notre pays, et ces évolutions reposent évidemment sur la communication, entre soignant et soigné comme entre soignants.

La communication en médecine est ici au Luxembourg, dans un pays polyglotte où pas moins de 3 langues officielles cohabitent, plus qu’ailleurs, un enjeu majeur !

Ces trois langues sont utilisées pour communiquer quotidiennement entre patients et soignants. Mais parce que le Luxembourg a une vocation internationale, ces trois langues ne suffisent parfois pas et la communication verbale soignant-soigné est parfois délicate, voire insuffisante. La difficulté à transmettre un discours à une oreille qui ne veut ou ne peut pas l’entendre est ici majorée.

Entendu, malentendu, non entendu : les différences linguistiques permettent bien souvent de faire la "sourde oreille" à ce que l’on ne veut pas entendre et parallèlement la "muette-bouche", pardonnez-moi ce néologisme, à ce que le soignant n’a pas spontanément envie d’annoncer.

L’annonce en échographie néonatale est bien entendue une illustration de ces difficultés pour plusieurs raisons :L’image échographique s’impose comme un vecteur d’information impartiale, implacable - tant pour le médecin, qui découvre en-direct les images et diagnostique - que pour la patiente, qui observe autant les réactions du médecin que les images échographiques.

La future maman, enceinte, à la fois heureuse de l’arrivée future du bébé et parfois anxieuse vis-à-vis de l’examen, semble bien peu préparée à entendre un message détonnant et probablement reçu comme une agression majeure.

Ce qui engendre parfois, au-delà du malentendu, une incompréhension (ou non-entente) pour laquelle le praticien doit remodeler son discours.

C’est parfois le message non verbal, lorsque la parole n’est plus audible, qui prend le relai. La mimique, la posture deviennent alors pour le médecin comme pour le patient un véritable moyen de communication.

La communication non-verbale est évidement spontanée mais peut aussi faire l’objet d’une volonté de la part du soignant pour anticiper par exemple, une communication verbale difficile. Le non-dit laissant la place au phantasme du pire, la parole qui se veut alors rassurante est ici plus audible et permet de ré-humaniser la communication par un discours verbal.

Certains soignants dont vous faites partie, ont pris conscience de l’importance majeure de la communication et ont cherché à se former à des techniques de communications plus fines qui leur permettent de repérer les mécanismes de défense de chacun et d’adapter son discours, comme le propose l’approche ericksonnienne par l'usage de métaphore ou d’un langage non directif spécifique.

Nous ne pourrions aborder ce sujet sans parler de la tension et du stress générés chez le médecin ou encore la sage-femme, par l’annonce, en particulier en cancérologie ou lors d’un évènement périnatal. La limite entre l’empathie, quasi alliance du soignant à son patient, et la distance qui devrait s’imposer, est parfois floue, mais sa définition et son étude  sont nécessaires : le détachement du soignant ne s’impose-t-il pas comme nécessaire à une bonne communication et à sa protection personnelle?

La communication médicale et soignante est un véritable enjeu de traitement et de soins, souvent oubliés durant les études en particulier médicales ; l’importance d’une communication adaptée et réussie est un déterminant majeur dans l’évolution de la prise en charge du patient et dans la relation thérapeutique.

Je suis certaine que la qualité et la renommée des orateurs internationaux présents assureront une haute qualité de communication et d’information lors de ce séminaire et permettrons de vous donner des clés, vous permettant d’optimiser la relation thérapeutique et, par extension, l’impact de vos soins.

J’espère aussi que cet auditoire agira ensuite comme un multiplicateur, afin que celles et ceux qui n’auront pas eu l’opportunité de participer à cette journée d’études puissent bénéficier des apports et de la contribution des orateurs.

Merci de votre attention, et bon travail à tous !

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