Allocution de Lydia Mutsch à l'occasion de la conférence annuelle de Deloitte "La prévention: une priorité pour l’avenir ?"

"La prévention est devenue au fil des années un sujet de plus en plus important (...)"

"Monsieur le Président de la Fédération des Hôpitaux,
Chers organisateurs de cette conférence annuelle,
Chers conférenciers et invités,
Mesdames et Messieurs,
 
J’ai l’honneur en tant que ministre de la Santé de vous souhaiter à toutes et à tous la bienvenue. C’est un grand plaisir d’ouvrir cette 6ème édition des conférences annuelles, consacrée cette année-ci au sujet de la prévention. 

Vous posez la question – rhétorique certes - si la prévention constituera une priorité pour l’avenir. Je suis tentée d’y répondre  de suite: comment pourrions-nous en faire abstraction ? La prévention, qui depuis des années constitue un des piliers majeurs de notre politique de santé publique et dans laquelle on ne saura jamais assez investir, malgré tous les efforts réalisés.

Je vous félicite dès lors de cette initiative qui me conforte dans mes démarches politiques visant une meilleure visibilité de la prévention à tous les niveaux.
 
La prévention est devenue au fil des années un sujet de plus en plus important, tant au niveau international que national.

Nous savons tous que les maladies cardio-vasculaires constituent la première cause de mortalité et de morbidité au Luxembourg, avec plus de 30% des décès, et que les cancers viennent en deuxième place.

Le développement de ces maladies est influencé par des facteurs non modifiables comme l’âge ou la génétique. Mais le développement et l’évolution de ces maladies non transmissibles est aussi largement lié au mode de vie. Selon des études, 80% des maladies cardio-vasculaires et cérébro-vasculaires et près de 40% des cancers pourraient être évités ou retardés, en adoptant le plus tôt possible des comportements sains qui préviennent ces maladies.

En effet, les erreurs alimentaires, le tabagisme, l’abus d’alcool, la sédentarité et le stress sont des facteurs de risque liés aux modes de vie; des facteurs de vie qu’il faut combattre!

L’adoption de mode de vies sains et l’empowerment des populations pour assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé, sont des buts essentiels de la prévention et les moyens pour y arriver sont la promotion de la santé et l’éducation pour la santé.

Ici nous pouvons ajouter que, non seulement les maladies non transmissibles, qui sont en pleine évolution et présentées dans les médias régulièrement dans tous leurs aspects, bénéficient de mesures de prévention, mais également les maladies infectieuses.

Les mesures pouvant prévenir les maladies infectieuses sont la promotion des vaccinations, les campagnes d’hygiène des mains et la prévention dans le domaine des maladies sexuellement transmissibles.

En prenant l’exemple des vaccinations, nous voyons très bien les effets bénéfiques de la prévention sur l’espérance de vie et la santé de la population. Les vaccins sont les moyens les plus efficaces de se protéger contre certaines maladies infectieuses graves! Grâce à la vaccination, la variole a disparu mondialement, alors que d’autres maladies, comme la poliomyélite, sont devenues très rares.

Pour bien comprendre la prévention, elle peut être définie comme un ensemble de mesures à prendre afin d’éviter qu’une maladie, un accident ou même une épidémie ne surviennent. Elle est divisée en trois grandes catégories:

  • la prévention primaire, qui reprend les mesures destinés à réduire les facteurs de risques d’une maladie, respectivement d’éviter qu’une maladie apparaisse;
  • la prévention secondaire, qui sert à détecter précocement une maladie, à un stade où elle est encore guérissable;
  • la prévention tertiaire, pendant laquelle il s’agit de limiter l’évolution ou la gravité d’une maladie;

Dans notre politique de santé, nous essayons de reprendre chacune de ces catégories et de fixer les actions nécessaires dans des plans d’action, stratégies et programmes nationaux de prévention.

En général, les programmes de préventions sont établis sur base des recommandations internationales publiées par l’OMS et la Commission européenne. Les activités, qui s’inscrivent dans les programmes ou qui s’orientent autour de journées spécifiques, sont souvent menées en collaboration avec des organisations internationales ou des associations et d’autres partenaires locaux.

Cette vision a clairement été retenue dans notre programme gouvernemental:"le gouvernement mettra en œuvre tous les efforts nécessaires pour renforcer davantage la promotion de la santé et la prévention des maladies, et ceci de manière intégrée, dans l’esprit de l’approche consistant à intégrer les questions de santé dans toutes les politiques ("Health in all policies"), ce qui est essentiel pour assurer la pérennité à long terme de notre système de santé."

Mon ministère a établi un grand nombre de plans et de programmes nationaux, qui incluent des stratégies de prévention des maladies infectieuses et non transmissibles, et dont j’aimerais vous présenter brièvement quelques-uns:
 
Tout d’abord, le plan national tabac, qui me tient particulièrement à cœur, et qui a comme but de prévenir et de réduire le tabagisme, avec sa morbidité et sa mortalité consécutives. Les trois grands objectifs du plan tabac sont de prévenir le tabagisme, réduire la consommation de tabac chez les usagers actuels, et protéger les non-fumeurs du tabagisme passif.

Le programme d’aide au sevrage tabagique permet de fournir une prise en charge adéquate pour les personnes qui désirent arrêter de fumer. Ce programme se fait en collaboration avec la CNS et offre une cure de sevrage de 8 mois, dont la première et la dernière consultation médicale sont totalement gratuites, ainsi que le remboursement d’une partie des médicaments nécessaires au sevrage.

Le plan national alcool, qui est en cours de validation, a comme but la prévention de la consommation nocive et la protection des mineurs. Deux mesures que vous connaissez sûrement sont déjà en application : l’interdiction de vente d’alcool aux moins de 16 ans et la surtaxation des alcopops.

Ensuite, nous avons élaboré le plan Cancer, qui reprend tous les aspects de la prévention (information, dépistage, détection précoce, traitement et prise en charge, épidémiologie, recherche et évaluation) et a comme objectifs, la réduction du nombre des malades du cancer, la réduction du nombre de décès dus au cancer, tout comme l’amélioration de la qualité de vie des malades.

Le programme Mammographie cible plus spécifiquement la prévention du cancer du sein. Basé sur les recommandations européennes, il se fait en partenariat avec la CNS et la Fondation Luxembourgeoise contre le Cancer. Il offre une mammographie de dépistage gratuite tous les deux ans au groupe d’âge des femmes de 50-69 ans.

D’autres cancers sont également ciblés par des programmes de détection précoce, comme le cancer colorectal, le cancer de la peau, le cancer du col de l’utérus, le cancer de la prostate.

Un autre programme qu’il m’importe de citer est le programme interministériel "Gesond iessen, Méi bewegen", qui existe depuis 2006 maintenant et qui a pour but la promotion d’une alimentation saine et équilibrée et de l’activité physique. Il se fait en partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, le ministère de la Famille et le ministère du Sport.

Au niveau de la prévention des maladies infectieuses graves à prévention vaccinale, le programme de vaccination universelle national a été établi, un programme essentiel en termes de santé publique!

Je pourrai encore parler du plan "Drogues", qui repose sur la réduction de la demande et la baisse de l’offre.

Ou encore de tous les plans et programmes de prévention, liés aux maladies mentales, comme par exemple le plan d’action national "Démence" et le plan de prévention contre le suicide.
 
D’autres sujets sont ciblés par des activités de prévention, qui sont planifiés autour de journées thématiques mondiales ou nationales: Chaque année la santé cardio-cérébrovasculaire fait l’objet d’une campagne de sensibilisation et d’information sur les facteurs de risque des maladies cardio et cérébro-vasculaires et est destinée au grand public. La campagne est complétée par des conférences, tables-rondes, cours de formation, des journées-santé ou des stands, en collaboration avec les acteurs du terrain et des associations concernées par le sujet.

Ensemble avec la maison du diabète, des actions sont organisées annuellement pour sensibiliser le public au diabète et à ses facteurs de risque.

L’ostéoporose fait également l’objet d’une campagne de sensibilisation et d’information annuelle.

Un sujet qui m’importe également beaucoup, concerne le don d’organes, pour lequel le Luxembourg doit faire davantage d’efforts. Même si la loi prévoit le consentement présumé, c’est-à-dire que chacun de nous est considéré comme donneur potentiel à moins de s’y être opposé de son vivant par écrit, seulement deux donneurs ont pu être enregistrés en 2016! Pour 65 personnes sur la liste d’attente d’une greffe. Un triste record parmi nos voisins européens.

C’est pourquoi, chaque année, des campagnes d’information et de sensibilisation sont lancées à ce sujet, pour encourager au don d’organes. Le ministère de la Santé met également à disposition du public un dépliant d’informations sur le sujet, ainsi que le "passeport de vie".

 
Les actions de prévention au Luxembourg, englobent donc une multitude de maladies, qui sont facilement évitables.

Une bonne prévention a évidemment un effet sur la santé de la population, mais également sur l’espérance de vie, sur la qualité de vie des individus, ainsi qu’un impact financier et économique sur notre société.

Il s’agit maintenant de réfléchir ensemble à l’optimisation de tous ces programmes, grâce à l’intersectorialité et à l’approche multidisciplinaire et participative. Grâce à des partenariats ciblés, des méthodes et approches innovantes pourront être organisées, capables d’augmenter l’impact des différentes actions.

Le citoyen, le patient sera partie prenante des processus décisionnels et deviendra acteur de sa propre santé. Grâce aux nouveaux outils de communication, il sera mieux et plus informé, et pourra décider de changer son comportement en amont, avant que la maladie ne se déclare.

Des nouvelles voies et stratégies de prévention s’ouvrent à nous : à nous de les identifier, d’y réfléchir et d’en discuter ensemble, pour la santé et le bien-être de nous tous.

Je vous souhaite une matinée de conférences et de discussions fructueuses.

Merci pour votre attention."

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