Discours de Lydia Mutsch à l'occasion de la 11ième journée de santé à la Clinique Bohler

''Moments intimes, entre pudeur, sexualité et féminité''

Seul le discours prononcé fait foi
©MSAN
Lydia Mutsch lors de la 11e journée d'étude de la Clinique Bohler

''C’est pour la 11ième fois déjà que la Clinique Bohler organise une journée d'étude sur des thèmes abordant des aspects tout-à-fait variés de la santé des femmes. Il s’agit toujours de journées très instructives et très intéressantes, rassemblant des experts renommés de par l’Europe, ainsi qu’un grand nombre de professionnels de la santé de notre pays; journées que le ministère de la Santé se fait un honneur et un plaisir de soutenir.

Cette année-ci vous surprenez à nouveau par une journée d’étude portant un titre captivant, qui suscite, dès l’annonce de la conférence, l’intérêt et la curiosité, et je vous félicite pour le choix des thématiques qui seront traitées tout au long de la journée.

Mon intérêt pour les sujets abordés est d’autant plus grand, puisque en tant que ministre de la Santé et ministre de l’Egalité des Chances, et ensemble avec mes collègues de l’Education nationale et de la Famille, nous avons lancé en 2013 le programme national "Promotion de la santé affective et sexuelle", dans le but de renforcer les initiatives dans ce domaine, d’améliorer les collaborations entre acteurs, d’intensifier les formations et de diversifier les offres aux besoins tellement variés de la population.

En effet, les besoins dans le domaine de la sexualité sont très grands, très particuliers et spécifiques par âge, par genre, par origine culturelle, par particularité individuelle.

Dans le programme national nous soulignons:'La santé affective et sexuelle est un élément indissociable du bien-être et des droits de chaque personne, indépendant de ses spécificités personnelles, de son âge, de son genre, de sa condition physique ou psychique.'

Souvent, quand la sexualité est abordée, on pourrait gagner l’impression que la majeure partie des thématiques se restreint à la sexualité des personnes d’un certain âge, des personnes jouissant d’une complète intégrité physique et psychique.

Combien est-il encore tabou de parler de sexualité et de moments intimes chez les personnes âgées, chez les personnes souffrant d’un handicap, d’une maladie?

Nous avons beau avoir vécu la révolution sexuelle - et nous pouvons être fiers des avancées que nous avons atteintes, pour ne nommer que l’éducation sexuelle, des jeunes en particulier, la normalité de la contraception, la législation de l’IVG - nous restons pourtant fortement "conditionnés" face à la sexualité par notre culture, notre vécu, la société dans laquelle nous vivons, et inconsciemment nous pesons minutieusement de quoi on peut parler, de quoi on doit avoir honte ou peur de parler, sur quoi on ose demander conseil ou encore auprès de qui on peut exprimer ses désirs et ses vécus les plus intimes.

Dans combien de formations pour professionnels, pourtant quotidiennement en contact avec des personnes - médecins, personnel de soin, professionnels des domaines scolaire et social - les thématiques en lien avec la sexualité sont tout au plus frôlées, se limitant souvent à des aspects très physiologiques, très juridiques, voire, très techniques.

Dans l’état des lieux que nous avons réalisé en préparation du programme national, un des besoins les plus importants que nous avons pu soulever était la demande en formation initiale et continue des professionnels, se sentant très souvent fort mal préparé et dépourvus quand il s’agit d’aborder des thématiques de sexualité avec leur clientèle ou de répondre à leurs questions..

Les attentes auxquelles sont confrontées les professionnels de la santé sont particulièrement délicates ; vous, les professionnels de la santé, vous vous trouvez non seulement dans un lien thérapeutique avec vos patients, mais aussi dans une relation de confiance protégée par votre secret professionnel, dans un lien de confident aussi, à qui on veut pouvoir confier ses désirs, ses craintes et ses soucis les plus intimes, et parfois peut-être même dans un lien de complicité "professionnelle", avec un autre professionnel avec lequel on souhaite élaborer une stratégie comment parler avec le compagnon ou la compagne de vie, si les désirs et besoins émotionnels et sexuels ont changé et sont difficiles à exprimer.

Je suis persuadée que les thématiques de la journée d’aujourd’hui répondent à des situations fréquentes auxquelles se voient confrontées les professionnels travaillant dans le domaine de la santé de la femme.

La journée d’aujourd’hui est une formation professionnelle exceptionnelle, contribuant à l’amélioration du savoir et du savoir-faire de chacun de vous, et c’est un apport précieux dans le cadre des objectifs que s’est fixés le programme national "Promotion de la santé affective et sexuelle".

Mes félicitations pour l’organisation de cette journée et mes meilleurs souhaits de succès.''

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