Discours de Lydia Mutsch à la conférence de presse organisée à l’occasion de la création de Médecins du Monde Luxembourg

"La pauvreté est un facteur de risque principal pour la santé"

©MSAN
Lydia Mutsch à la conférence de presse sur la création de Médecins du Monde Luxembourg

C’est avec grand plaisir que j’ai accepté l’invitation à cette conférence de presse organisée à l’occasion de la création d’une nouvelle antenne Médecins du Monde ici au GD Luxembourg. Je félicite les initiateurs de ce nouveau projet pour leur engagement et leur détermination de vouloir développer des projets de santé visant tout particulièrement les populations les plus vulnérables de notre société.

Par rapport à l’Association Médecins du Monde, fondée en 1980 par le médecin et politicien Bernard Kouchner et 14 autres médecins, il me semble  important de relever quelques faits particuliers:

  • leur engagement international dans des régions de crise et de conflits armés, situations des plus difficiles et dramatiques à vivre et à gérer face à la misère humaine engendrée;
  • leur engagement à porter témoignage sur les violations des droits de l’homme vécues;
  • leur engagement, aussi dans nos pays industrialisés en faveur des populations les plus démunies et les plus vulnérables.

En effet, des populations défavorisées, il en existe dans tous les pays, chez nous aussi. Souvent, dans les pays riches, ces populations sont peu visibles, ont peu de voix, ont peu de lobby. Ce sont des personnes, des familles qui pour maintes raisons et destins de la vie tombent à travers les maillons du réseau social et de santé.

Cette réalité, ainsi que son aggravation est en lien avec la détérioration actuelle de la situation économique, qui n’épargne pas notre pays. En effet, le rapport du STATEC "Travail et cohésion sociale" de 2010 met en évidence une augmentation du risque de pauvreté se situant à 15% à l’heure actuelle. Les plus touchés sont surtout des familles nombreuses, des familles monoparentales, souvent de jeunes mères avec de petits enfants, des sans-abris, des toxicomanes, et ce nombre est en augmentation alarmante comme en témoignent notamment les activités des 8 épiceries sociales dans notre pays.

La politique cadre de la Santé pour tous du XXIème siècle pour la région européenne, qui est une des bases stratégiques sur laquelle est fondée la politique de santé de notre pays, statue que la santé est un droit fondamental de tout être humain. Elle statue également que l’égalité en matière de santé et l’amélioration de l’accès pour tous aux soins et services de santé est une priorité et devrait figurer parmi les lignes directives des politiques de santé des pays.

Il est important de souligner par ailleurs que la pauvreté est un facteur de risque principal pour la santé. Maintes études statistiques ont prouvé que les personnes aisées vivent plus longtemps et ont moins de maladies et d’invalidités que les pauvres. Souvent aussi les personnes démunies consultent tardivement le médecin en cas de problèmes. Ils ont plus de difficultés à adhérer aux traitements, ils ont moins de possibilités de bien se soigner, de se ménager, de récupérer.

Améliorer l’accessibilité aux soins et services de santé des personnes vulnérables de notre société est un projet d’une grande valeur.

C’est dans ce sens que votre initiative jouera certainement un rôle important dans notre pays – améliorer l’accès aux soins médicaux primaires des personnes les plus vulnérables, les aider et les accompagner vers des services spécialisés en cas de besoin, les soutenir dans l’adhérence aux traitements et, nous l’espérons, contribuer à l’exemple de l’initiative de Médecins du Monde/France à une meilleure connaissance des réalités de vie et de santé des populations vulnérables dans notre pays.

A votre initiative je souhaite beaucoup de succès, et  à vous comme initiateurs je souhaite beaucoup de courage et de ténacité.

                                         

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