Publication du rapport RELIS 2022 sur l'état du phénomène des drogues et des toxicomanies

La Direction de la santé a publié son rapport RELIS 2022 (Réseau luxembourgeois d'information sur les stupéfiants et les toxicomanies) sur l'état du phénomène des drogues et des toxicomanies, qui dresse un état des lieux de l'usage de drogues d'acquisition illicite et de ses corolaires au Luxembourg.

Aperçu général

On constate une tendance générale à la baisse des cas de surdoses mortelles et du mode de consommation par injection. En même temps, le rapport confirme une hausse de la proportion de consommateurs de cocaïne, ainsi qu'une baisse générale de la consommation d'opiacés parmi les usagers à haut risque. Il y a également une stabilisation, voire légèrement moins de demandeurs de traitements de substitution. Une hausse est cependant constatée concernant les demandes de traitement liées à l'usage de cocaïne, tandis que le nombre de demandeurs de traitement pour des problèmes liés à l'usage de cannabis se stabilise, suite à une tendance générale à la hausse jusqu'en 2019.

L'usage à haut risque de drogues illicites à l'échelle nationale

En référence à l'usage à haut risque de drogues d'origine illicite, on observait au Grand-Duché de Luxembourg une tendance longitudinale à la baisse entre 2003 et 2018, suivie d'un premier plateau de stabilisation en 2019/2020. Sur base des données les plus récentes, on estime que le nombre de personnes présentant ce type d'usage au Luxembourg se situe autour de 2.160, ce qui équivaut à un taux de prévalence de 5,06 usagers par 1.000 habitants âgés entre 15 et 64 ans. En 2000, ce même taux équivalait à 9 usagers sur 1.000 habitants et figurait alors parmi les plus élevés au sein de l'Union européenne. On observe par ailleurs une baisse de la prévalence au niveau de l'usage d'opiacés et une stabilisation de l'usage par injection.

Cocaïne en progression, mais évolution progressive vers des modes d'administration à moindre risque

Les données 2021 suggèrent que la proportion d'usagers à haut risque ayant consommé de la cocaïne (68.5%) dépasse entretemps celle des usagers d'héroïne (64.3%). En termes de substances de premier choix, les opioïdes demeurent prépondérants, tout en affichant également une tendance pluriannuelle à la baisse, tandis que la consommation de cocaïne et de mélanges/cocktails contenant de la cocaïne continue à augmenter. La polytoxicomanie, bien que stabilisée depuis les dernières années, demeure prépondérante au sein de cette même population (+/- 60%).

Parmi les usagers fréquentant les salles de consommation supervisée de drogues, l'héroïne demeure la substance la plus consommée, mais les mélanges (cocktails) contenant de la cocaïne y deviennent également plus prévalents. À noter que l'usage par inhalation a gagné du terrain sur l'usage par injection jusqu'à 2019 et affiche depuis lors une certaine stabilité. Grâce aux efforts concertés en matière de réduction des risques, entre 50 et 61% des usagers des différentes salles de consommation supervisée de drogues et 64.7% (2013: 37.4%) de l'ensemble des usagers de drogues à haut risque en traitement consomment entretemps par voie d'inhalation, ce qui contribue notamment à une réduction du risque de surdoses et de la transmission de certaines maladies infectieuses.

Morbidité et mortalité associées à l'usage de drogues

Entre 2014 et 2016, on observait à l'échelle nationale une hausse significative des nouvelles infections VIH parmi les injecteurs de drogues (21 cas en 2016), attribuable en partie à la disponibilité et l'usage par injection accrus de cocaïne. Les données des années 2017 à 2019 témoignaient ensuite d'une baisse marquée du nombre d'injecteurs de drogues parmi les cas de nouvelles infections au VIH. En 2021, on dénombrait 8 cas d'infection au VIH nouvellement diagnostiqués parmi les usagers injecteurs de drogues (UID), comparés à 6 cas en 2020. À noter qu'en 2021 une hausse non négligeable au niveau du taux d'infections VIH auto-rapportées par les UIDs a été observée. Il s'agira dès lors de suivre les indicateurs respectifs de façon rapprochée.

Même si les infections par le VHC (hépatite C) parmi les injecteurs de drogues semblent récemment accuser une baisse, les taux de prévalence auto-rapportés les plus récents (50% - 60%) restent élevés parmi ces mêmes usagers.

Depuis le déploiement des plans d'action nationaux en matière de drogues et d'addictions associées, une tendance globale à la baisse des décès par surdosage s'observe au niveau national. Si en 2000, 26 victimes d'une surdose fatale ont dû être déplorées, 5 victimes ont été dénombrées en 2021, situant ainsi le Luxembourg largement en dessous de la moyenne proportionnelle observée au sein de l'UE (18.3 cas par million d'habitants). On retient dans ce même contexte une tendance générale à la hausse de l'âge moyen des victimes (41,4 ans).

Demande de traitement et d'offres de réduction des risques

Le nombre d'usagers de drogues en traitement, qui suivait une tendance générale à la hausse, tout comme le nombre de contacts avec les structures nationales d'aide et de réduction des risques, affichent une baisse depuis 2019. Ce dernier a atteint quelque 145.000 contacts (en 2019: 164.000) et le nombre de personnes-contacts en traitement (comptages multiples inclus) était de 3.097 (nombre comparable à celui de 2015). On note par ailleurs une nouvelle hausse en 2021 du nombre de seringues stériles distribuées (429.039) dans le cadre du programme national d'échange de seringues (2019: 425.906; 2020: 393.692 seringues stériles distribuées). Ce changement est à considérer à la lumière des contraintes et restrictions liées à la gestion de la crise sanitaire COVID-19 lorsqu'on comparera la situation avant et après cette dernière.

L'âge moyen des usagers de drogues en traitement accuse une hausse générale depuis les 20 dernières années (36,8 ans en 2021; 28 ans en 1997). Les demandeurs de traitement sont majoritairement des hommes (79,5%). Le nombre d'usagers d'opioïdes entrant en traitement a diminué de manière générale depuis les 10 dernières années (41% en 2021, 49% en 2020 et 80% en 2010) alors que le nombre de personnes en traitement et pour usage de cocaïne a connu une tendance discontinue à la hausse au cours de la même période. Depuis 2020, le nombre de personnes en traitement pour des problèmes liés à l'usage de cannabis accuse une certaine stabilité suite à une hausse persistante de long terme. Depuis 2013, on observe également une stabilisation longitudinale du nombre de demandeurs de traitement de substitution pour les usagers d'opioïdes.

Offres de drogues illicites: augmentation des quantités de cannabis et de cocaïne saisies

Globalement, les saisies de cannabis ont représenté 74,1% (67% en 2020) du nombre total de saisies au Luxembourg en 2021. Le nombre de saisies et la quantité de cannabis saisi ont atteint un pic en 2019 (371 kg sur un total de 1,315 saisies) pour descendre à 53.1 kg pour 1.150 saisies en 2021. Pour ce qui est du nombre de saisies de cocaïne et d'héroïne, les tendances actuelles sont moins apparentes. Depuis 2014, la pureté de la cocaïne sur le marché avait tendance à augmenter, et avec 56.5% en 2021 elle signe un pic depuis 2006. Pour ce qui est du cannabis, sa concentration moyenne en THC est passée de quelque 9% en 2012 à 19.6% en 2021.

Communiqué par le ministère de la Santé

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