Rapport RELIS 2016: État des lieux sur l'usage et le trafic illicites de drogues

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Dr Alain Origer, coordinateur national "Drogues"; Lydia Mutsch, ministre de la Santé
Le rapport national sur l’état du phénomène des drogues et des toxicomanies au Grand-Duché de Luxembourg (RELIS 2016) vise à situer le contexte dans lequel s’inscrivent l’usage et le trafic illicites de drogues et les toxicomanies au niveau national.

Usage problématique de drogues: tendance à la baisse

En général, on constate au Grand-Duché de Luxembourg une stabilisation du taux de prévalence de l’usage problématique de drogues d’origine illicite. On estime aujourd’hui que le nombre de personnes qui présentent ce type d’usage au Luxembourg se situe autour de 2.000.

Par ailleurs, selon les résultats de la dernière enquête nationale représentative (EHIS), l’ampleur de l’usage de drogues illicites au sein de notre population est inférieure à la plupart des prévalences moyennes de l’Union européenne (UE) et généralement moins élevée que dans nos pays voisins, surtout en ce qui concerne leur usage récent.

Autre constat relevé par Lydia Mutsch: "Le déploiement des plans d’action nationaux en matière de drogues et de toxicomanies a été accompagné d’une baisse globale des décès par surdosage au Luxembourg."
 
Les données médicolégales confirment que la quasi-totalité des décès impliquait la consommation d’héroïne. La moyenne d’âge des victimes affiche une hausse générale (2015: 36,8 ans ; 2000: 29 ans).
 
"Depuis l’ouverture de la première salle de consommation supervisée de drogues, quelque 2.100 incidents de surdosage y ont été gérés et aucune surdose, prise en charge à l’intérieur de cette structure d’accueil, a connu une issue fatale", a précisé le Dr Alain Origer, coordinateur national "Drogues".

À noter aussi l’augmentation du nombre de contacts enregistrés par les services bas seuil et de réduction des risques depuis 2014 (142.000 contacts en 2015).

Proportion accrue d’usagers de drogues parmi les nouveaux cas d’infections au VIH

La proportion d'usagers intraveineux de drogues parmi les personnes nouvellement infectées par le VIH accuse une nouvelle hausse depuis trois ans, affichant un taux de 21% en 2015. Comme l’a indiqué la ministre, ce constat est d’autant plus inquiétant, que les offres nationales en matière de traitement et de réduction des risques sont fort développées et diversifiées et que notamment le nombre de seringues stériles distribuées dans le cadre du programme national d’échange de seringues est en hausse et a atteint un niveau record en 2015.

Si cette hausse de l’incidence VIH, qui s’observe aussi dans certains autres pays et villes de l’UE, peut s’expliquer en partie par une couverture de dépistage renforcée au niveau national, des facteurs tels que la consommation accrue de stimulants, et en particulier de cocaïne par injection par des usagers polyconsommateurs fortement marginalisés, semblent également être en jeu.

Hausse des injections de stimulants et particulièrement de la cocaine

Au fil de la dernière décennie, la polyconsommation est devenue le comportement prépondérant chez les usagers de drogues. Toutefois, on observe une augmentation des personnes en contact avec les institutions nationales en raison de problèmes liés à l’usage de cannabis et une hausse au niveau de l’injection de stimulants, et en particulier de la cocaïne. La cocaïne affiche actuellement une disponibilité accrue et son usage se substitue partiellement à l’injection d’héroïne.

52% des usagers s’approvisionnent en drogues illicites exclusivement au Grand-Duché!

"Si les résultats du rapport RELIS 2016 sont globalement encourageants, il convient de rester vigilant: le domaine des drogues et toxicomanies est en constante évolution. Les marchés illégaux, et par là, la disponibilité et l’accessibilité des drogues, ainsi que les comportements de consommation des usagers, changent rapidement", a mis en garde Lydia Mutsch.

"Aussi, le nombre, les types et la disponibilité de nouveaux produits psychoactifs en Europe ont continué à croître", a ensuite souligné Dr Origer.

Au cours des dernières années, des réseaux de distribution mieux organisés ont vu le jour sur le plan national. L’expansion de ces réseaux plus structurés a contribué à une hausse sensible de la disponibilité de drogues illicites, particulièrement en ce qui concerne l’offre de cocaïne. Les nouvelles drogues synthétiques et produits associés (NPS, Legal highs) sont également en progression.

Un indicateur complémentaire de la disponibilité accrue de drogues illicites au niveau national est à voir dans le fait qu’actuellement presque 52% des usagers s’approvisionnent en drogues illicites exclusivement au Grand-Duché de Luxembourg, alors que cette proportion représentait seulement 15% en 2008.

"Il est d’autant plus important de les observer de près et de nous donner les moyens adéquats afin de nous adapter de manière permanente et rapide aux réalités du terrain", a conclu la ministre. Le rapport RELIS 2016 peut être téléchargé via www.sante.lu.

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