Plus de 3000 personnes au Luxembourg vivent avec une hépatite C et beaucoup d’entre elles l’ignorent

28 juillet 2015, Journée mondiale contre les hépatites

L’HIVberodung de la Croix-Rouge luxembourgeoise, le Luxembourg Institute of Health, le Centre hospitalier de Luxembourg et le ministère de la Santé s’engagent ensemble dans la lutte contre les hépatites Hépatites B ou C: outre le fait que ces infections sont souvent silencieuses et leur évolution très lente, leurs conséquences peuvent être extrêmement lourdes pour la santé. En témoignent les experts scientifiques du Luxembourg Institute of Health (LIH) qui, ensemble avec leurs partenaires, effectuent des recherches pour mieux faire reculer la maladie. Mardi 28 juillet 2015, l’HIVberodung et le Luxembourg Institute of Health (LIH) en association avec le Centre hospitalier de Luxembourg (CHL) et le ministère de la Santé seront présents dans le hall de la Gare de Luxembourg (8h00 à 10h00) et sur la place de la Résistance à Esch-sur-Alzette (11h00 à 13h00) afin de sensibiliser le public sur les hépatites, le dépistage et sur la vaccination. De plus, l’HIVberodung proposera des tests rapides de dépistage de l’hépatite C dans le Dispositif d’intervention mobile pour la promotion de la santé sexuelle (DIMPS).

Les hépatites: pourquoi une journée mondiale ?

Le 28 juillet sera célébrée la journée mondiale contre les hépatites, coordonnée par la "World Hepatitis Alliance" pour la lutte contre les hépatites. Les hépatites se caractérisent par une inflammation du foie, le plus souvent causée par une infection par un virus (A, B, C), mais parfois dues à un abus d’alcool ou de médicaments. Souvent asymptomatiques, les hépatites peuvent entraîner la destruction du foie nécessitant alors une greffe de cet organe. L’hépatite est considérée comme chronique si elle est présente depuis plus de 6 mois. Un vaccin existe pour les hépatites  A et B. Aucun vaccin n’existe contre l’hépatite  C, qui est considérée comme l’hépatite la plus sournoise et la plus dangereuse.

Les hépatites virales au Luxembourg

Au Luxembourg, la prévalence (c’est-à-dire le pourcentage de malades relevé dans la population) des infections par le virus de l'hépatite C (HCV) est estimée à 0,5-1% de la population, ce qui signifie qu'entre 2.250 et 4.500 personnes sont infectées dans le pays. Le Département Infection et Immunité (Department of Infection and Immunity) du LIH, en étroite collaboration avec le Service national des maladies infectieuses ainsi que les gastro-entérologues des différents hôpitaux du pays, suivent les patients infectés par l’hépatite C. L’HIVberodung quant à elle, sensibilise, informe sur la prévention, propose du dépistage et assure un soutien psycho-social aux patients vivant avec le virus de l’hépatite C sous traitement.

Vers un plan national contre les hépatites

Le ministère de la Santé élabore actuellement un plan national d’action contre les hépatites virales dont l’objectif est de diminuer le nombre de contaminations, d’augmenter le nombre de diagnostics précoces et d’améliorer la prise en charge et la qualité de vie des patients. Ce plan comprend notamment une amélioration de la surveillance et de la connaissance épidémiologique de l’infection par la création d’un registre national.

Comment prévenir les hépatites?

Aujourd'hui, chacun peut être vacciné contre l'hépatite B et se protéger contre cette maladie dangereuse très répandue dans de nombreux pays. Des banques du sang participent notamment à l’analyse des échantillons de sang. Il est à noter que les infections peuvent être transmises au sein même de la famille. Les patients atteints du virus de l’hépatite B ont une responsabilité particulière vis-à-vis de leurs enfants, partenaires et proches qui doivent être vaccinés /protégés contre cette infection. Les enfants devraient également être vaccinés dès la naissance contre le virus HBV tout comme les voyageurs en dehors de l'Europe, qui ont un risque plus important que les autres et qui doivent veiller au contrôle de leurs vaccinations.
Au Luxembourg, un vaccin contre l’hépatite B est proposé pour tous les nouveau-nés. Aucune vaccination n’est obligatoire, mais les vaccinations sont offertes systématiquement lors des consultations pédiatriques de routine, dans le cadre du programme de santé maternelle et infantile. Les taux de vaccination sont très élevés (93,6% d’enfants vaccinés, enquête 2012); aussi, l’hépatite B ne devrait plus poser un grand problème de santé publique à l’avenir chez nous. En revanche, pour l’hépatite C, il n’existe pas de vaccin. Elle affecte principalement les usagers de drogues par voie intraveineuse qui échangent leur matériel usagé et la population homosexuelle.

Étant donné le caractère le plus souvent asymptomatique des hépatites B et C, seul un test de dépistage permet de les détecter. Il ne faut pas hésiter à consulter son médecin traitant. Le test de dépistage pour l’hépatite C peut également être fait gratuitement et anonymement au Dimps (www.dimps.lu).

L’hépatite B et C comptent également parmi les infections à transmission sexuelle; c’est pourquoi, avant les départs en vacances, le ministère de la Santé organise chaque année une campagne estivale de prévention des infections sexuellement transmissibles. Le but de cette campagne est de rappeler les règles du safersex et notamment le port systématique du préservatif lors des rencontres sexuelles occasionnelles. L’importance du dépistage précoce est également rappelée, car plus l’infection est découverte tôt,  plus vite la transmission à d’autres partenaires sexuels pourra être évitée. Un site internet dédié (www.safersex.lu) informe sur les principales maladies à transmission sexuelle, sur leurs symptômes, traitements et moyens de prévention.

Recherche sur l’hépatite C

Au LIH, l’équipe du Dr Carole Devaux focalise son travail sur l’efficacité des traitements : en effet, suite à l'arrivée de nouvelles formes de médicaments visant directement la réplication du virus, l'efficacité des traitements est évaluée ainsi que l’apparition potentielle de résistances au traitement. En parallèle, les virus portés par les patients sont analysés par des tests permettant d’évaluer l’infection des cellules de foie humain in vitro (en culture), de façon à comprendre les mécanismes de résistance de ces patients. L'ensemble de ces recherches a pour but de permettre un meilleur suivi des patients et une optimisation des traitements.

Grâce à ces nouveaux traitements, l’éradication de l’hépatite C est possible. Cependant, un suivi des résistances émergentes aux traitements et transmises dans la population nouvellement infectée est maintenant nécessaire. Depuis 2001, le programme SPREAD suit l’évolution de la prévalence de la résistance aux traitements contre le VIH chez les patients nouvellement infectés dans 26 pays européens, auprès de plus de 10.000 patients. Avec les fonds du Fonds National de la Recherche du Luxembourg, le LIH est en charge du programme SPREAD coordonné par le réseau ESAR "European Society for transnational Antiviral Research". Un suivi de la résistance aux traitements HBV et aux nouveaux traitements HCV a débuté (programme Hepvir) afin de mettre en place au plus vite un programme de surveillance européen.
En l’absence de vaccin, l’identification et la prise en charge de tous les patients sont nécessaires et doivent être accompagnées de mesures de prévention pour endiguer la transmission du virus, en particulier dans les groupes exposés au HCV. Présentement, des études épidémiologiques et comportementales sont en cours chez les usagers de drogue afin de mieux connaître les facteurs de risque, évaluer le taux de réinfection après traitement et améliorer les actions de prévention. Ainsi, une étude réalisée par le Dr Vic Arendt au centre pénitencier a montré que 17.2% des prisonniers traités en prison et guéris se réinfectent dans une période de 3 ans. Ces données montrent qu’il est nécessaire d’améliorer la prévention et le suivi des personnes à leur sortie de prison.

Recherche sur l’hépatite B

Le laboratoire du Prof Claude P. Müller (LIH, Department of Infection and Immunity) étudie depuis plus que 10 ans le virus de l’hépatite B (HBV). Les études se concentrent en particulier sur la surveillance moléculaire, les voies de transmission et l’évolution du virus, dans plus de 15 pays sur 4 continents, principalement en Afrique subsaharienne, en Asie du Sud-Ouest et dans les nouveaux pays émergeants de l’ancienne Union Soviétique. Une vaste observation sur l’évolution de l’hépatite B dans le monde entier donne d’importantes informations sur la nature et l’origine du virus de l’hépatite B moderne. Par exemple, le laboratoire a trouvé de nouvelles variantes du virus au Laos, Nigéria, Cameroun et au sein de la République Centrafricaine.
Des études menées au Laos examinent comment se développent de nouvelles variantes de l’HBV dans les infections mixtes. En collaboration avec le Centre de Transfusion sanguine à Vientiane (Laos), le laboratoire examine des infections cachées dans le sang des donneurs, afin de pouvoir assurer une meilleure sécurité de transfusions sanguines. Actuellement, en collaboration avec le LaoLuxLab de l’Institut Pasteur du Laos et Lux Development, le Prof Claude P. Müller et le Dr Judith Hübschen mènent aussi des études pour évaluer l’efficacité et la durée de la protection du vaccin contre l’hépatite B chez les enfants au Laos.
Afin d’informer sur les hépatites et la recherche menée au Luxembourg, et d’encourager le dépistage des hépatites, la HIVberodung de la Croix-Rouge luxembourgeoise et le LIH seront présents le 28 juillet 2015 de 8h00 à 10h00 dans le hall de la Gare de Luxembourg et de 11h00 à 13h00 à la place de la Résistance à Esch-sur-Alzette.


Communiqué par le ministère de la Santé

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