Interview d'Étienne Schneider avec Paperjam

"J'espère bien qu'un jour on aura un astronaute luxembourgeois"


Interview : Paperjam (Matthieu Croissandeau et Thierry Labro)

Paperjam : La croissance se contracte dans la zone euro, certains pays tournent aujourd'hui au ralenti. Êtes-vous préoccupé en cette rentrée?

Étienne Schneider : Je suis préoccupé par la situation er Europe, mais aussi par la situation du commerce mondial. La guerre commercial que se livrent la Chine et les États-Unis ou les différends qui existent entre les États Unis et l'Union européenne ont des effets négatifs sur l'économie en général. Le Luxembourg n'est pas trop touché pour l'instant, heureusement. Notre économie tourne toujours assez bien. Les résultats des finances publiques sont excellents. Le pays a conservé son triple A, ce qui est extrêmement important compte tenu du poids de la place financière dans notre économie. Mais nous devons rester vigilants. Mon autre préoccupation concerne tous ces débats qui remettent en cause la croissance pour des raisons climatiques ou environnementales...

Paperjam : C'est-à-dire?

Étienne Schneider : Le Luxembourg a une économie et un tissu industriel extrêmement "propres". Si on se compare à bien d'autres pays, on est vraiment top. Mais je vois bien qu'il y a des réticences dans l'opinion publique. J'ai un peu le sentiment que les gens ne veulent plus d'entreprises industrielles dans notre pays car ils voient l'industrie comme quelque chose de nuisible, de polluant. Or, ce n'est plus le cas! Tous les projets en cours embrassent les meilleures technologies disponibles pour impacter le moins possible l'environnement. Aujourd'hui, l'industrie est high-tech. Certaines n'ont même plus de cheminée sur leur toit!

Paperjam : L'affaire Knauf a-t-elle laissé des traces?

Étienne Schneider : Tout a commencé avec ce dossier, oui. Ce qui m'a le plus gêné dans cette affaire, c'est qu'on importe ces produits, on les subventionne pour isoler nos maisons, mais on ne veut pas qu'ils soient produits au Luxembourg. C'est un raisonnement que je ne peux pas accepter d'un point de vue intellectuel.
Depuis cette affaire, les nouveaux développements industriels ne sont plus accueillis de la même façon. Ils sont régulièrement mis en cause. En tant que ministre de l'Économie, je ne comprends pas. On s'est donné une stratégie, il y a une quinzaine d'années, pour devenir moins dépendant de la place financière. On a vu, en 2008, que cette monoculture économique présentait un danger énorme. L'idée était de diversifier vraiment l'économie. Et pas seulement dans les services, mais aussi dans l'industrie.

Paperjam : Vos collègues écologistes au gouvernement en font-ils trop?

Étienne Schneider : Il y a des divergences de vues. C'est politique. C'est connu. M. Bausch ou Mme Dieschbourg sont d'un autre parti, ils ont une autre philosophie. Nous partageons le même objectif: une économie propre. Mais moi, je préconise plutôt de développer les technologies pour faire en sorte qu'on puisse marier le secteur industriel avec une économie propre, alors que de l'autre côté, on préfère plutôt éviter l'industrie tout court.

Paperjam : Les Luxembourgeois seraient-ils devenus frileux?

Étienne Schneider : Il ne s'agit pas seulement des Luxembourgeois. C'est une tendance générale, du moins en Europe. On le voit bien avec le succès des Fridays for Future ou la popularité de Greta Thunberg. Ça a créé une ambiance qui est plutôt opposée à tout ce qui a une cheminée! Les bureaux, ça va, la cheminée, ça ne va pas...

Paperjam : L'Allemagne voit son économie ralentir alors même que ses finances publiques sont excédentaires. Doit-elle dépenser pour relancer la machine?

Étienne Schneider : Oui, absolument. Je pense que l'Allemagne fait aujourd'hui une erreur. Après autant d'années de déficit à cause de la réunification, je comprends très bien qu'ils veuillent avoir un budget équilibré. Mais là, on ne parle plus d'équilibre, ce sont des surplus énormes. Il est temps que les Allemands réinvestissent cet argent. Il est clair que si l'Allemagne ne tourne plus à la même cadence que ces dernières années, cela aura des répercussions sur la croissance au Luxembourg.

Paperjam : Une nouvelle Commission européenne s'installe. Qu'en attendez-vous?

Étienne Schneider : Beaucoup! D'abord, qu'elle agisse dans le cadre d'une relance économique. La croissance recule dans l'Union européenne. Or, nous connaissons tous très bien les effets néfastes d'une croissance proche de zéro ou très modérée sur l'emploi ou sur nos systèmes sociaux. Cette Commission a la possibilité d'agir pour la croissance, de lancer de nouveaux projets d'investissement qui seront neutres du point de vue du bilan carbone. J'observe que pendant ce temps-là, la concurrence chinoise ne dort pas. Ils sont en train de développer des technologies qu'ils vont ensuite vendre ici en Europe.

Paperjam : Faut-il un plan Von der Leyen, comme il y a eu un plan Juncker?

Étienne Schneider : Il n'y a pas d'autre choix. Il faut lancer un grand plan d'investissement qui marie développement économique avec protection du climat. C'est le grand enjeu économique de cette Commission.

Paperjam : Qu'avez-vous trouvé comme dossiers chauds sur votre bureau, pour cette rentrée?

Étienne Schneider : Je ne suis pas seulement ministre de l'Économie, mais aussi en charge de la Santé. Et une de mes priorités est de délivrer prochainement la stratégie sur la légalisation du cannabis. J'avais prévu de le faire avec Félix Braz cet automne, mais je le ferai seul en raison de ses problèmes de santé. L'autre sujet important concerne la démographie médicale. Un rapport me sera remis prochainement. Des décisions stratégiques suivront pour faire en sorte qu'on ait assez de médecins et d'infirmiers à l'avenir.

Paperjam : Vous irez en chercher à l'étranger?

Étienne Schneider : Il y a plusieurs axes. Nous devons d'abord développer la formation médicale ici, au Luxembourg. Aujourd'hui, les jeunes partent faire leurs études à l'étranger et il y a toujours le risque qu'ils ne reviennent pas. Le manque de personnel médical est un problème qui va devenir crucial au regard de la démographie. Les gens deviennent de plus en plus vieux, donc la population qui a besoin de soins augmente continuellement. Et c'est le cas un peu partout en Europe. On ne peut donc pas se contenter de dire qu'on ira recruter des médecins en Allemagne, en France ou en Belgique, car ils sont confrontés au même problème. Par ailleurs, il y a aussi une question relative à l'attractivité des métiers de médecin ou de soignant.
Aujourd'hui, le Luxembourg ne fait plus vraiment la différence.

Paperjam : Faut-il les payer mieux?

Étienne Schneider : Il faut peut-être les payer mieux, mais surtout et aussi rendre leur activité plus attractive, leur permettre de mieux se développer. On parle des cabinets de groupe que l'on souhaite mettre en place ou des appareillages qu'ils pourront utiliser. La réponse sera certainement un mix de ces mesures.

Paperjam : Et la légalisation du cannabis, c'était vraiment une urgence?

Étienne Schneider : Ce n'était pas une urgence. C'était un projet qui figurait dans notre programme électoral, et il y a eu une demande énorme. On a été pressés pour avancer plus vite crue c'était prévu. L'urgence que je vois, c'est plutôt la prévention dans laquelle on va investir beaucoup d'argent dans les années à venir. Mais le cannabis est un sujet qui intéresse beaucoup, même au-delà du continent.

Paperjam : Vous avez déclaré que vous ne vouliez pas que le Luxembourg devienne un nouvel Amsterdam. Comment allez-vous faire?

Étienne Schneider : En fait, dans la théorie, c'est facile. Dans la pratique, ce sera un peu plus difficile. On va se limiter à vendre le cannabis aux résidents.

Paperjam : C'est-à-dire, concrètement? Il faudra montrer une carte?

Étienne Schneider : Le problème, c'est qu'on n'en a pas. L'adresse ne figure ni sur notre carte d'identité ni sur le passeport. Il faut donc trouver une solution pour prouver sa résidence. C'est pour cela que je dis qu'en pratique, ce sera compliqué. Tout est possible. Mais avec la confidentialité des données personnelles, il faut voir comment on va gérer tout ça. Nous voulons éviter que le Luxembourg devienne Amsterdam et que tout le monde vienne ici pour s'approvisionner en cannabis. Je rappelle qu'il sera interdit d'en consommer sur la place publique, dans les bars ou dans la rue.
L'autre risque que nous voulons éviter est la multiplication des contrôles aux frontières par nos voisins français, allemands ou belges. En tant que ministre de l'Économie, freiner l'accès au pays me poserait un vrai souci...

Paperjam : Cette loi pose quand même beaucoup de problèmes... Quels effets positifs en attendez-vous?

Étienne Schneider : Nous menons, depuis des dizaines d'années, une politique antidrogue qui n'a pas de résultat. Les gens, notamment les jeunes, s'approvisionnent en cannabis au marché noir et ce qu'on leur vend, c'est de la merde. Et puis, il y a toujours le risque, quand vous commencez avec le cannabis, de passer ä d'autres produits plus dangereux. Comme vous êtes toujours en contact avec vos dealers, ceux-ci finissent toujours par essayer de vous vendre des choses qui ont une marge bénéficiaire plus importante pour eux. Voilà pourquoi nous nous sommes dit qu'en retirant le cannabis du secteur illégal, on en contrôlerait non seulement la qualité et donc la nocivité, mais en plus, on sortirait les consommateurs de ce milieu...

Paperjam : Les études internationales montrent que cela ne fait pas baisser la consommation...

Étienne Schneider : Ce n'est pas le but. Encore une fois, l'objectif est vraiment de lutter contre le trafic et les mauvais produits.

Paperjam : Vous-même, vous fumez du cannabis?

Étienne Schneider : Non, je ne fume pas du tout.

Paperjam : Et demain, quand ce sera légal?

Étienne Schneider : Non plus. Même lorsque j'ai été au Canada pour un voyage d'étude sur le sujet, je n'ai pas essayé!

Paperjam : Quel est l'objectif de la Semaine des ressources spatiales qui se déroulera du 7 au 11 octobre prochains?

Étienne Schneider : L'idée est de rassembler des experts et des sociétés du monde entier autour du thème des ressources spatiales. C'est important pour notre pays qui ale lead sur le secteur du new space. Ça nous permet de développer cette image de marque, c'est une belle fenêtre vers l'international. Et puis, cela doit nous aider aussi à trouver des partenariats aux sociétés qui sont déjà à Luxembourg.

Paperjam : Est-ce que le fonds d'investissement sera prêt pour cette Semaine?

Étienne Schneider : C'est une bonne question. On est dans la dernière ligne droite, mais je ne sais pas si on sera prêts. Il reste à finaliser la question des montants que doit investir chaque acteur. On connaît les sommes sur lesquelles ils se sont engagés, mais il faut encore que leur board respectif les accepte avant qu'on puisse lancer le fonds.

Paperjam : Combien le gouvernement mettra-t-il sur la table?

Étienne Schneider : Cela dépend ce que les autres mettront. Nous souhaiterions avoir entre 70 et 75 millions d'euros pour démarrer et pouvoir monter rapidement à une centaine de millions d'euros. Mais il faut voir combien le secteur privé veut mettre, sachant que nous ne souhaitons pas que l'État soit majoritaire dans ce fonds.

Paperjam : Le new space sera-t-il intéressant pour le Luxembourg en termes de projets? D'image de marque? De revenus?

Étienne Schneider : En tout! Même sites revenus viendront plus tard... C'est une affaire de développement d'activité, de recherches. Le Luxembourg s'est engagé auprès de l'Union européenne à investir 2,3 à 2,6 % de son PIB dans la recherche. Or, nous en sommes toujours à 1,6%. Mais nous n'allons pas dépenser pour dépenser... Nous avons besoin de trouver de nouveaux projets dans lesquels investir.
Or, avec le new space, nous avons un secteur qui a un besoin de recherche énorme pour les années à venir. L'intérêt direct est d'attirer les entreprises au Luxembourg, de créer ce hub d'experts dans cette matière, d'où les chaires et formations à l'Université de Luxembourg. Je suis convaincu que le secteur du new space va être révolutionné dans les années à venir, et le Luxembourg joue déjà un rôle dans ces changements. Je suis invité à parler partout, à expliquer ce qu'on a mis en place.

Paperjam : Un pays peut-il exister dans ce secteur sans partir dans l'espace?

Étienne Schneider : Oui, bien sûr, on peut exister sans avoir de base de lancement! Je vous rassure, je n'ai pas l'intention d'en créer une. Le bilan en matière de CO, serait une catastrophe [rires]. Mais j'espère bien qu'un jour on aura un astronaute luxembourgeois!

Paperjam : Où en est-on avec GovSat? Le premier satellite continue à gagner des clients. L'idée d'un deuxième satellite plane-t-elle?

Étienne Schneider : Ce n'est plus de mon ressort. J'étais d'avis qu'une fois les capacités du premier vendues, ce serait intéressant d'en lancer un deuxième. Mais je ne suis plus le ministre en charge de ce dossier, c'est le ministre de la Défense. Je l'avais lancé à l'époque pour augmenter l'effort de défense à l'Otan sans acheter d'armes ni de blindés, mais en faisant quelque chose qui aurait des retombées directes sur Luxembourg. Un nouveau marché s'est ouvert pour une société luxembourgeoise, SES, dans le capital de laquelle l'État se retrouve. C'est un triple win: l'effort de défense a augmenté, l'Otan a les capacités de communication dont elle a besoin, et on gagne de l'argent avec cet investissement, de l'ordre de 12 à 13 %, une fois que le satellite est commercialisé, en plus des retombées de notre investissement dans SES.

Paperjam : Comment se passe la relation avec l'Agence spatiale européenne (ESA)?

Étienne Schneider : J'ai une relation excellente avec le directeur général de I'ESA, le docteur Johann-Dietrich Wörner, qui est convaincu de ce que nous sommes en train de faire et qui lance même des programmes à l'intérieur de I'ESA, pour développer ce secteur. Il considère vraiment le Luxembourg comme un pays pionnier. Je signerai par ailleurs, en octobre, un accord avec la Nasa. J'ai rencontré son directeur général, Jim Bridenstine, il y a trois mois. J'étais invité comme un des principaux speakers à une conférence organisée par les Américains sur le new space. M. Bridenstine était présent, et il me disait qu'il y a plein de choses que nous pourrions faire ensemble.

Paperjam : Qu'est-ce que le Luxembourg peut bien apporter à la Nasa?

Étienne Schneider : J'ai On a récemment signé un accord avec la Chine. J'ai demandé au ministre chinois pourquoi ils avaient conclu cette coopération avec nous, alors qu'ils ont déjà tous les moyens qu'il leur faut. Il m'a répondu: "Le volet que vous êtes en train de développer nous intéresse beaucoup, mais si nous le faisons nous-mêmes entant que Chine, on va être pointés du doigt. Nous préférons montrer que nous essayons défaire quelque chose avec un pays neutre comme le vôtre." Quand Wilbur Ross est venu signer le memorandum of understanding, il est venu spécialement des États-Unis au Luxembourg et est reparti ensuite. C'était exceptionnel. Normalement, quand nous signons un accord avec les États-Unis, c'est nous qui nous déplaçons là-bas, et on ne signe même pas avec un ministre, mais avec un sous-sous-sous-fonctionnaire.

Paperjam : Que vous a-t-il dit?

Étienne Schneider : Il m'a dit, entre quatre yeux : "Le Luxembourg est le seul pays qui a compris l'intérêt économique majeur qui se trouve derrière ce secteur. Vous bougez, et tous les autres dorment." Et quand une administration américaine a voulu travailler avec une entreprise canadienne dans le domaine de l'espace, Wilbur Ross a insisté pour qu'ils aient une filiale au Luxembourg. Nous sommes aujourd'hui en train de négocier cette implantation.

Paperjam : Concrètement, quels types de projets peuvent se développer?

Étienne Schneider : Je vais vous donner deux exemples. Aujourd'hui, un des coûts majeurs des satellites est d'éviter les collisions. Tous les objets sont observés et, à chaque fois qu'il y a un risque de collision, un message part au propriétaire du satellite pour lui demander de bouger son satellite. Mais cela coûte du carburant et donc, in fine, cela réduit la durée de vie du satellite. Or, dans 99,99 % des cas, ce n'est pas la peine... La précision n'est pas assez bonne, parce que le risque est évalué à 70 ou 100 km près. Une société a développé un système qui offre une précision de 2 à 3 kilomètres. Le nombre d'alertes va donc diminuer de 600.000 à 10.000 par an. C'est un gain énorme pour les opérateurs dans l'espace! Autre exemple: le refueling. Comment transformer en carburant l'hydrogène ou les produits qu'on peut trouver sur la Lune? Une des sociétés qui développent ces technologies a déjà signé des contrats, y compris avec des sociétés luxembourgeoises comme SES. Avec ce précontrat, maintenant, elle va voir les investisseurs en leur disant "voilà notre idée et voilà notre client". Toute cette économie se met en place comme ça.

Paperjam : Planetary Resources, vous disiez que c'était un peu inévitable que cela ne fonctionne pas toujours. Mais est-ce qu'à la SNCI ou ailleurs, on en a tiré une leçon?

Étienne Schneider : On espérait que les autres actionnaires iraient plus loin dans l'aventure, car certains étaient absolument convaincus. Mais cela n'a pas été le cas. Ça a foiré... Le CSV me critique aujourd'hui pour un projet d'investissement futuriste qui n'a pas marché. Mais je préfère quand même prendre le risque d'investir dans quelque chose qui pourrait vraiment profiter à l'État plutôt que de devoir payer des astreintes parce que je n'ai pas fait ce que j'aurais dû faire. Regardez, par exemple, les millions d'euros qu'on paie aujourd'hui parce qu'on n'a pas réalisé en temps voulu les stations d'épuration du temps de M. Halsdorf...

Paperjam : La SNCI est-elle toujours l'outil qui convient pour préparer les arrivées de ces sociétés au Luxembourg?

Étienne Schneider : La SNCI joue à la fois le rôle de banque et d'investisseur. Si on trouvait un accord pour la réorganiser en un volet banque au service des PME et un volet investissement, nous n'aurions pas les mêmes problèmes. Aujourd'hui, vous êtes obligé de ne pas avoir une exposition trop élevée. La SNCI ne peut pas investir trop dans une société sous peine de ne pas respecter la législation.

Paperjam : Vous rêviez d'être Premier ministre. N'être que vice-Premier ministre, ce n'est pas trop frustrant?

Étienne Schneider : J'ai rencontré récemment le Premier ministre de Malaisie qui a pris ses fonctions à l'âge de... 93 ans! Je me dis que j'ai encore le temps. Largement le temps !

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