"Content d'avoir tenu ferme", Mars Di Bartolomeo au sujet du dossier de la réforme de la santé

Le Quotidien: Après l'accord trouvé avec les médecins, mercredi, pensez-vous avoir convaincu les députés?

Mars Di Bartolomeo: Nos discussions en commission ont été intenses et fructueuses. Et, d'après ce que j'ai pu entendre et observer, la majorité des députés devrait suivre ma démarche.

Le Quotidien: Pourtant, du côté du DP, on vous reproche d'y aller au pied-de-biche. Pourquoi tant de précipitation?

Mars Di Bartolomeo: Je ne suis pas pressé. Ça fait plus d'un an que nous discutons cette réforme dans tous les comités concernés et j'ai eu toute une série de réunions avec la commission de la Santé. Aujourd'hui, comme avant, chaque député qui avait une remarque à faire était libre de la faire. Je dois dire que les déclarations d'un de mes prédécesseurs (NDLR : Carlo Wagner, DP) m'étonnent. Car, selon mes souvenirs, il n'a pas réalisé une seule réforme fondamentale.

Le Quotidien: L'ADR assimile votre réforme à une coquille vide, critiquant que de nombreux détails restent à définir. Que répondez-vous?

Mars Di Bartolomeo: On ne peut pas exiger deux choses différentes à la fois, il faut se décider. Je ne peux pas négocier les éléments essentiels de la réforme avec les responsables sur le terrain et en même temps les décréter par règlement grand-ducal. Nous avons décidé de réaliser cette réforme avec les responsables sur le terrain car, sans ce partenariat, cette réforme ne fonctionnerait pas.

Le Quotidien: Ces derniers temps, vous avez pourtant dû faire face à de nombreuses critiques. La grève n'avait-elle aucun sens?

Mars Di Bartolomeo: Personnellement, je n'ai jamais fait la grève et je n'ai jamais été pour. J'ai toujours été ouvert à toute discussion et si les médecins avaient profité de leurs trente jours de grève pour dialoguer, cette grève n'aurait jamais eu lieu. Et, surtout, le résultat aurait été le même. Je regrette donc que pendant un mois, les patients aient dû payer pour le refus des médecins de dialoguer.

Le Quotidien: Les médecins se sont-ils donc réveillés trop tard?

Mars Di Bartolomeo: Je ne peux parler que pour moi. Je crois à cette réforme et j'ai pu découvrir, lors de mes conférences publiques à travers le pays, que je suis loin d'être le seul à y croire.

Le Quotidien: La réforme de la santé semble être de loin celle qui vous a apporté le plus de critiques. Comment avez-vous vécu cela?

Mars Di Bartolomeo: Pendant la dernière législature, mon grand dossier était l'introduction du statut unique, qui était extrêmement controversé. La législature actuelle a commencé avec la réforme de l'assurance accident. Actuellement, nous sommes à l'assurance maladie pour en venir très bientôt aux pensions. J'ai été convaincu, et je le suis toujours, qu'il était indispensable de mettre le système de santé sur le métier. Et je n'ai jamais douté que le pays devait passer par là, malgré la crise. Ce qui m'a fait mal, c'était le ton des discussions qui, parfois, n'a pas été correct. Et c'est ça qui était nouveau pour moi. Je n'avais jamais vécu de tels affrontements. En fin de compte, je dois dire que je suis content d'avoir tenu ferme face à ce défi et de ne pas avoir jeté mon texte à la poubelle, comme certains l'avaient revendiqué.

Le Quotidien: Avez-vous fait marche arrière, comme votre collègue Luc Frieden, devant la pression grandissante?

Mars Di Bartolomeo: Non. Au contraire, je suis allé vers mes interlocuteurs. Ma réforme passera et la coalition a d'ailleurs fait preuve d'une grande cohérence dans ce dossier. Enfin, ce dossier prouve la capacité du gouvernement à opérer des réformes. Si nous avions baissé les bras devant nos opposants, aucune autre réforme n'aurait pu être entamée.

Le Quotidien: La réforme de la santé n'a donc pas causé de frictions au sein de la coalition CSV/LSAP?

Mars Di Bartolomeo: J'aurais évidemment pu espérer que les rangs se serrent plus tôt autour de moi. Mais dans les phases décisives, j'ai senti le soutien du gouvernement et des deux fractions parlementaires majoritaires.

Le Quotidien: Où en est la réforme des pensions?

Mars Di Bartolomeo: Les préparatifs ont déjà eu lieu et ils sont excellents. Il est prévu de présenter au gouvernement les grandes lignes avant la fin de l'année, ou au plus tard dans les premières semaines de 2011. Et c'est par la suite que le dialogue sera lancé. J'ai tiré ma leçon du débat autour de la réforme de la santé et j'en profite pour le prochain dossier.

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