"Pas réceptif aux menaces". Mars di Bartolomeo au sujet de la réforme du système des soins de santé

Le Quotidien: Etes-vous surpris que l'association des médecins et médecins dentistes soit aussi formellement opposée à votre avant-projet de loi?

Mars di Bartolomeo: Lorsque j'ai présenté avant les vacances à I'AMMD l'avant-projet de loi, j'ai pris note de ses critiques et de son mécontentement. Mais je suis quand même surpris qu'après les bonnes discussions que j'ai eues avec eux le 15 septembre dernier où je leur ai notamment fait une série de propositions d'ouverture sur des points auxquels ils tenaient et sur lesquels ils ne pensaient peut-être pas que je reviendrais, qu'ils s'opposent encore de la sorte. Je suis surpris qu'ils ne se soient pas présentés à leur assemblée générale avec les arguments issus de notre entrevue mais, au lieu de cela, avec des menaces. Mais je ne suis pas une personne très réceptive aux menaces, contrairement aux arguments. Et j'en reste donc aux bonnes discussions que nous avons eues et à leur bonne argumentation d'après les vacances dont j'ai retenu notamment une série de suggestions dans le projet définitif.

Le Quotidien: L'avant-projet de loi a donc été modifié?

Mars di Bartolomeo: J'ai profité du temps entre juillet et maintenant pour mener avec toute une série de gens des discussions approfondies. J'ai retenu des suggestions intéressantes que j'ai inclues dans le projet. Mais I'AMMD a connaissance de ces modifications. Elles ont été faites avant leur assemblée générale. Le projet de loi que je présente (NDLR : aujourd'hui) au Conseil de gouvernement contient toute une série de modifications que j'ai retenues lors des différentes consultations. Et pas seulement lors des entrevues avec les médecins. L'entente des hôpitaux, les syndicats et le personnel soignant ont tous fait des suggestions intéressantes que j'ai retenues dans le document que je présente au Conseil de gouvernement.

Le Quotidien: L'AMMD est donc bien au courant de ces modifications!

Mars di Bartolomeo: Je me suis engagé auprès des médecins sur une série de points qui comprend notamment celui qu'ils critiquaient et qu'ils critiquent encore le plus, à savoir celui d'une soi-disant étatisation de la médecine. En d'autres mots, on a remplacé dans l'avant-projet toute une foule de règlements qui étaient prévus par des conventions. On a également complété la mesure de médiation.

Le Quotidien: L'AMMD vous reproche de créer avec cet avant-projet de loi un système du prêt à soigner qui viendrait restreindre l'autonomie des médecins et la liberté des patients!

Mars di Bartolomeo: C'est une représentation totalement erronée. La philosophie de ce projet est que là où il existe de bonnes filières de soin, de bons standards, des standards de prises en charge bien définies, et bien qu'ils soient garantis à tous les patients. Qu'ils soient la règle et non l'improvisation. Le patient doit avoir la garantie de la meilleure prise en charge possible et le médecin qui respecte les standards a toutes les libertés. Mais il n'est pas possible qu'un médecin qui ne respecte pas les standards ait une quelconque liberté thérapeutique. C'est presque une injure et je pèse mes mots.

Le Quotidien: L'AMMD vous reproche également de mettre en œuvre par cette réforme une "lutte des classes par d'autres moyens" où ils seraient les grands perdants!

Mars di Bartolomeo: Si on me reproche une quelconque idéologie et si je dois en avoir une, alors c'est celle de vouloir garantir aux patients la meilleure prise en charge possible et non une médecine à deux classes où une partie des patients ne pourraient plus se payer ses soins. Si on faisait vraiment ce que réclament les médecins, qu'on sortait des conventions, qu'ils puissent ainsi facturer leurs honoraires comme ils le souhaitent, c'est ce qui arriverait. Si on me reproche de ne pas vouloir ça et que c'est de l'idéologie, j'assume.

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