"Vers un plan national alcool". Le ministre de la Santé, Mars di Bartolomeo au sujet d'un plan national alcool

Hier à Mondorf, la 5 e édition de la conférence nationale de la santé a abordé l'ébauche d'un plan national alcool. Sur la scène européenne, les luxembourgeois partagent avec les tchèques la place de plus gros consommateurs de boissons alcoolisées, allant jusqu'à boire 15 à 18 litres par an par habitant. Et le taux de mortalité lié à l'alcool y est 25 % supérieur à la moyenne établie dans I'UE. Entretien avec le ministre de la Santé, Mars Di Bartolomeo.

La Voix: Pourquoi lancer maintenant un tel plan? Y a-t-il eu une injonction des autorités européennes?

Mars Di Bartolomeo: Non, pas du tout, il n'y a aucune pression ou demande de qui que ce soit. Ce plan est né d'une volonté nationale de sortir de l'ombre un problème réel mais encore souvent tabou. L'idée ne date pas d'aujourd'hui. Cela fait 4 à 5 ans que nous travaillons sur le sujet, avec comme priorité la protection de la jeunesse. A cette fin, deux mesures phares sont déjà d'application: la généralisation de l'interdiction de ventes d'alcool aux moins de 16 ans et la surtaxation des alcopops. Des groupes pluridisciplinaires, réunissant des partenaires de secteurs différents, ont aussi mené un travail de fond et de réflexion sur l'alcool et les problèmes qui en découlent. Il nous a semblé opportun aujourd'hui d'avoir une discussion globale sur tout ce qui a déjà été fait et dit, dans le but d'aller vers le lancement d'un plan national alcool.

La Voix: Quels sont le budget, le calendrier et les grandes lignes de ce plan? Et quelles mesures concrètes à court ternie?

Mars Di Bartolomeo: Aucune mesure concrète ne sera prise dans l'immédiat pour la bonne raison que ce plan n'est pas encore arrêté, encore moins chiffré. Dans les 3 à 4 ans qui viennent, la question sera de débattre, en réseaux et en interconnexions avec un partenariat élargi, sur les différents «domaines à problèmes spécifiques» précédemment et consensuellement identifiés.

La Voix: Quels sont alors ces domaines particuliers?

Mars Di Bartolomeo: L'alcool chez les jeunes/les enfants, l'alcool au volant, l'alcool au travail et l'alcool chez les femmes enceintes.

La Voix: Dans quel esprit les débats vont-ils être menés? Quelles seront les parts accordées à la prévention et à la répression?

Mars Di Bartolomeo: La prévention est évidemment le mot-clé pouraborder la problématique des dommages dûs aux abus d'alcool. D'autre part, s'il est important de ne pas minimiser ni de ne pas banaliser un problème bien réel, il est tout aussi primordial d'arrêter de culpabiliser, de stigmatiser les consommateurs d'alcool en général, les alcooliques en particulier. La question doit être débattue objectivement et sereinement, sans passions ni conflits, en tenant compte de tous les aspects du problème. Je trouve d'ailleurs souhaitable que des producteurs de vins, cafetiers et autres personnes économiquement liées à la vente d'alcool prennent part aux discussions thématiques à venir.

La Voix: La consommation d'alcool et production viticole étant profondément enracinées à la culture et aux traditions populaires, ne craignez-vous qu'un «lobby» freine, voire empêche, la mise en route de votre plan?

Mars Di Bartolomeo: Non, je suis serein et optimiste car il n'est pas question de restreindre - encore moins d'interdire arbitrairement la consommation d'alcool. Tout est raisonnablement possible à partir du moment où ni l'alcool, ni ceux qui en consomment, ne sont «diabolisés».

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