"Un seul et même traitement". Le ministre de la Santé au sujet de la psychiatrie au Luxembourg

Virginie Orlandi: Le CRP-Santé, en collaboration avec d'autres associations, réfléchit actuellement à la création d'une organisation luxembourgeoise des patients de la psychiatrie. La Patiente Vertriedung s'est d'ailleurs déclarée intéressée par la mise sur pied d'une telle structure. Le Luxembourg a-t-il du mal à accompagner les patients en souffrance psychique à leur sortie d'hôpital?

Mars Di Bartolomeo: Actuellement, il n'existe pas à proprement parler d'associations d'aide aux personnes souffrant d'un handicap psychique comme on peut en voir en France, en Belgique ou en Allemagne. Bien que le Luxembourg ait de très bonnes infrastructures médicales, il a plutôt développé des réseaux par régions que des associations. On trouve des foyers d'accueil, des logements encadrés ou encore des ateliers thérapeutiques mais pas d'associations de bénévoles à portée sociale s'occupant de la réinsertion professionnelle ou sociale des patients. La table ronde qui s'est déroulée la semaine dernière a montré plusieurs modèles de ce qui se pratique déjà dans la Grande Région et il est important que le Luxembourg trouve son propre modèle comme il est important de créer des mouvements d'entraide.

Virginie Orlandi: Les troubles mentaux et du comportement sont encore stigmatisés dans notre société et les patients ont souvent besoin de structures parallèles au médical pour retrouver leurs marques. Dans quelle mesure le Luxembourg peut-il concilier le médical au social?

Mars Di Bartolomeo: Depuis que je suis à la tête du ministère de la Santé, j'ai placé la réforme de la psychiatrie au centre de mes priorités. En décentralisant la psychiatrie aiguë vers les hôpitaux généraux, je voulais montrer que les maladies mentales pouvaient être traitées de la même manière que les autres maladies. Rapprocher les différents acteurs qu'ils soient du sanitaire ou du social permet de mieux prendre en charge les patients et de créer de vraies ouvertures vers la déstigmatisation des personnes souffrant de troubles mentaux.

Virginie Orlandi: Justement, quelles sont les pistes proposées pour sortir de cette stigmatisation de la maladie mentale?

Mars Di Bartolomeo: Dans notre société, ces maladies ne concernent pas une minorité de personnes. Mais, même si les troubles mentaux ou du comportement sont mieux détectés et mieux traités qu'avant, ils n'en restent pas moins en marge. On s'est rendu compte que le suicide est fortement lié à la maladie mentale qui est elle-même fortement liée à un mode de vie «sous pression» propre à notre société. Renforcer la prévention, c'est prendre en charge une partie du problème. Mon but a toujours été clair en la matière: garantir la même ouverture de traitement, la même compassion et mettre les mêmes moyens en œuvre pour tous les patients quelles que soient leurs pathologies.

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