"Le principe de précaution", le ministre de la Santé, Mars di Bartolomeo au sujet de la discussion autour de la culture de la pomme de terre OGM Amflora

Bertrand Slézak: Monsieur le ministre, comment réagissez-vous à la décision prise par la Commission européenne?

Mars Di Bartolomeo: Je ne suis pas content du tout. Je considère que la Commission avait mieux à faire que d'autoriser, dans ce qui est l'une de ses premières décisions, cette pomme de terre et un certain nombre d'autres céréales génétiquement modifiées. Je considère cela comme une sorte de provocation, surtout si l'on sait que, primo, il y a un an, les ministres de l'Environnement estimaient, dans un consensus, qu'il fallait reconsidérer la procédure d'autorisation des OGM; que, secondo, il y a un certain nombre de questions non clarifiées sur la consultation future des États membres
(NDLR : liées à la lente mise en place des règles du traité de Lisbonne).

Bertrand Slézak: Le commissaire à la Santé, John Dalli, oppose à cet argumentaire que les États membres n'ont pas été capables de s'entendre sur la question...

Mars Di Bartolomeo: Je crois que, pour la plupart des OGM, il y a toujours eu une majorité contre, mais pas une majorité qualifiée, ce qui permet à la Commission de prendre la décision en lieu et place des États membres. Mais, par rapport à une opinion très divisée, ce n'est pas à elle de fixer la vente des ventes. Ce n est pas une bonne attitude. Pour certains OGM on n'a pas le recul nécessaire, les tests l'ont été à court terme et un certain nombre de pays veulent rester sans OGM : il faut montrer du respect face à ces volontés et ne pas prendre ce genre de décisions par surprise.

Bertrand Slézak: Pour contrecarrer cette décision, 11 reste, pour chaque État membre, la clause de sauvegarde. Que va décider le Luxembourg?

Mars Di Bartolomeo: La clause de sauvegarde concerne la plantation et non pas la commercialisation. Nous ne sommes donc pas du tout concernés, dans un premier temps, par ce produit. Ce que je peux vous dire c'est que, dans les enceintes où nous pouvons exprimer notre position, cette décision ne restera pas sans conséquences. Le commissaire sera bientôt confronté aux pays mécontents.

Bertrand Slézak: Dans l'état actuel des choses, il n'y aura donc pas de pommes de terre Amflora au Luxembourg...

Mars Di Bartolomeo: Non. Pour l'instant, il n'y a ni intérêt, ni demande, ni nécessité. De toute façon, la production de la pomme de terre est déjà assez réduite au Luxembourg. Mais c'est une question de principe : il ne faut pas que la Commission ait ce comportement vis-à-vis des autres institutions dans un domaine aussi sensible que celui des OGM. Je le répète: je le ressens comme une provocation et les ouvertures qui vont suivre ne vont rien changer à mon attitude. Nous restons sur notre position qui est dictée par le principe de précaution qui comporte un élément de responsabilité envers la population et de garantie d'un recul scientifique nécessaire.

Bertrand Slézak: Les 27 ont-ils encore la possibilité de s'opposer à cette décision?

Mars Di Bartolomeo: Non", Car c'est une décision qui a été prise d'une façon inélégante mais certainement pas illégale. Nous allons analyser les possibilités de réactions avec les pays qui ont la même approche que nous. La France, l'Allemagne, dans une large mesure, l'ltalie et d'autres sont dans le même camp que le Luxembourg. Nous allons réagir avec les moyens qu'on a.

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