Consommation des somnifères au Grand-Duché: "Ces médicaments ne doivent pas être prescrits ou consommés comme des bonbons"

Le 3 mars 2011, le ministre de la Santé, Mars Di Bartolomeo, a dressé l’état des lieux de la consommation actuelle des somnifères au Luxembourg et a saisi l’occasion pour présenter deux publications:

"Le médicament le plus vendu au Luxembourg est un somnifère", a noté d’emblée le ministre qui s’est montré préoccupé de la consommation accrue des médicaments hypnotiques au-delà des recommandations médicales. Mars Di Bartolomeo a insisté que "malgré leurs effets curatifs, ces médicaments ne doivent pas être prescrits ou consommés comme des bonbons".

La situation actuelle au Luxembourg

Au Grand-Duché, 20 à 30% de la population souffrent d’une forme d’insomnie. Avoir des difficultés à s’endormir ou se réveiller plusieurs fois par nuit peuvent avoir plusieurs causes, allant du stress et des évènements désagréables jusqu’à l’anxiété et la dépression.

Malheureusement, la Division de la pharmacie du ministère de la Santé, chargée d’observer la consommation générale des médicaments au Luxembourg, a constaté une augmentation constante de la délivrance des somnifères au cours des dernières années. En 2009, le nombre des boîtes dispensées et remboursées s’est chiffré à 243.652, contre 143.972 en 1996, soit une augmentation de 69,2%. Dans l’ensemble, 7% de la population luxembourgeoise - à savoir 33.066 personnes (dont 5,2% sont des hommes et 8,9% des femmes) - requièrent régulièrement des médicaments hypnotiques.

La consommation de ces hypnotiques augmente avec l’âge: en 2009, 10,3% de la population de la tranche d’âge de 50 à 54 ans, 17,5% de la population de 65 à 69 ans et 26,6% de la population âgée de plus de 85 ans ont reçu au moins une prescription d’hypnotiques. Par rapport à l’année 1996, les prescriptions ont connu une croissance de 9,2%, 13,2% et de 20,4% pour les différentes tranches d’âge. Selon Jean-Marc Cloos, psychiatre-psychothérapeute, le taux élevé de la consommation des somnifères à un âge avancé est très alarmant, notamment à cause des diverses médications que les personnes âgées prennent quotidiennement.

À part le nombre élevé des consommants, les statistiques du ministère montrent une croissance de la consommation abusive des somnifères. De façon générale, il est recommandé que la période de prescription n’excède pas deux à quatre semaines, à cause du potentiel addictif des hypnotiques. Or, seulement une minorité des concernés (20%) respecte ce conseil médical. La plupart des patients prennent un traitement au-delà d’un mois, voire au-delà de six mois. Dans ce contexte, Simone Steil de la Division de la médecine préventive du ministère de la Santé, a souligné qu’un tiers des personnes ayant reçu une fois une prescription développe ensuite une consommation chronique.

Attention aux somnifères

Le dépliant "Somnifères et tranquillisants" a pour objectif d’informer le public sur les effets et les risques associés à l’utilisation de ces médicaments. D’après Thérèse Michaelis, directrice du CePT, la plupart des patients ignorent que ces hypnotiques peuvent engendrer des risques associés comme le manque de concentration, l’indifférence émotionnelle ou même produire un effet paradoxal, à savoir la désinhibition ou l’irritabilité. Un autre aspect important du problème est la prise de conscience que les somnifères sont en fait des drogues et, par conséquent, risquent à provoquer une addiction.

La brochure "Bonne nuit" fournit quelques simples conseils pour remédier aux comportements liés à une mauvaise hygiène du sommeil: une chambre bien aérée et sombre, un matelas confortable, l’absence d’appareils électroniques, pas de stimulants (alcool, tabac ou un dîner lourd) et le respect du rythme veille-sommeil personnel. Le ministère encourage les concernés à considérer aussi des thérapies alternatives, comme les techniques complémentaires de relaxation ou de type psychothérapeutique.

Le ministre de la Santé a conclu en disant que les somnifères devraient rester le dernier recours afin de prévenir que "le remède devient le problème".

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